Vie familiale
Nadja: blogueuse Hello Family

Le premier chagrin d'amour

Notre enfant autrefois si joyeux s'enferme dans sa chambre pour écouter sa musique à fond. Il fixe tristement son portable dans l'attente d'un message qui n'arrive pas. Il perd subitement l'appétit – ou se met à manger comme quatre. Comment aider nos enfants à surmonter leur premier chagrin d'amour?

«The first cut is the deepest»: c'est ce que chantait Rod Stewart l'année de ma naissance – en 1976 pour les curieux. J'imagine qu'il parlait en connaissance de cause.Pourquoi le premier chagrin d'amour fait-il si mal? Parce qu'on ignore encore qu'il ne durera pas. Naturellement, les plaies d'amour qui suivront ne seront pas une sinécure, mais au moins, on aura fait l'expérience qu'elles ne sont pas mortelles. Quand on est déjà passé par là, on sait qu'on y survivra.

Nos enfants, eux, ne le savent pas encore. Du jour au lendemain, leur monde s'écroule. Ils ont perdu l'élu(e) de leur cœur: personne ne pourra jamais le/la remplacer et leur vie est brisée pour toujours. Tout est fini. Ils ne pourront plus jamais aimer et ne seront plus jamais heureux. Voilà ce que pensent nos pauvres petits. À nous de les aider à traverser cette mauvaise passe.

Malheureusement, ils n'ont pas forcément envie qu'on les aide. Ils peuvent même se renfermer eux-mêmes. Dans ce cas, on a deux possibilités: a) on communique à son enfant qu'on est là, prêt à parler avec lui s'il en a besoin – sans le forcer, ou b) on lui propose de parler avec une autre personne de confiance (oncle, tante, cousine, ami...).

Il accepte de vous parler? Super. La règle d'or, c'est de l'ÉCOUTER. Au début, contentez-vous vraiment de l'écouter, pour lui permettre de vider son sac. Pendant cette phase, les formules toutes faites du genre «un de perdu, dix de retrouvés» ne sont pas de bon aloi. Votre enfant a besoin de sentir que vous le prenez au sérieux. Comme à chaque fois qu'il a des soucis. Pour ma part, j'utilise volontiers la technique de «l'écoute active», qui consiste à résumer de temps à autre les propos de son interlocuteur. On s'assure ainsi qu'on a bien compris, et on offre à son enfant la possibilité d'entendre les paroles qu'il a prononcées d'une perspective extérieure, et éventuellement de les corriger.

À l'évidence, cette discussion à cœur ouvert ne fera pas disparaître le chagrin d'amour de votre enfant, mais il y a fort à parier qu'elle lui fera du bien. Tout comme crier dans les bois, frapper dans un sac de boxe ou grimper une côte à vélo lui fera du bien. La colère est souvent un bon catalyseur.

La première phase du chagrin d'amour – qui précède généralement la colère – c'est celle où l'on se complaît dans son malheur. Rien de grave à cela. C'est la phase des chansons tristes, des larmes, de la glace au chocolat et des comédies romantiques. Cette phase passe parfois plus vite qu'on ne le pense. À mon avis, c'est dans la nature humaine. Dans les moments de crise, on finit toujours par se reconnecter à soi-même, par se ressaisir.

Ensuite, il y a plusieurs méthodes possibles pour atténuer la douleur. La distraction fonctionne généralement très bien. Moins l'enfant pense à la personne dont il était amoureux, moins il s'enferme dans une spirale négative et dans des pensées comme «Je ne retrouverai jamais quelqu'un d'autre». Ce que j'entends ici par distraction, ce sont toutes ces petites choses qui nous procurent de la joie et qui nous font du bien. Évidemment, ces petites choses diffèrent selon les personnes. Mais chaque nouvelle raison de se réjouir au quotidien est une nouvelle lueur d'espoir. Le plaisir et la joie sont de formidables antidotes.

Quelles activités pour distraire votre enfant? Le sport peut-être? Bon, c'est vrai, tout le monde n'est pas fan de sport. Mais rien de tel que l'activité physique pour aider à réduire le stress. Des dizaines d'études le prouvent. Et ne l'oublions pas: le chagrin d'amour est une forme de stress. Vous pouvez aussi offrir à votre enfant le dernier volume de sa collection de livres préférée. Planifiez avec lui une soirée série. Emmenez-le au cinéma. Partez en week-end dans un bel endroit. Faites une virée shopping. Ou proposez-lui de brûler les photos de son «ex» lors d'un petit rituel (sous votre surveillance, évidemment). En d'autres termes, essayez d'élaborer une stratégie de guérison avec votre enfant.

Le plus important, c'est de prendre votre enfant et sa douleur au sérieux; de lui signaler que vous êtes à ses côtés, et que vous savez exactement ce qu'il traverse.

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