La relation mère-fille

Vers 14 ans, les enfants traversent une phase de rébellion. La mère qu'on vénérait autrefois devient soudain l'antithèse du cool. Récemment, j'étais dehors avec mes filles qui faisaient de la luge. Quand j'ai voulu m'asseoir à mon tour sur la luge pelle, mon aînée, embarrassée, m'a fait signe d'arrêter. «Arrête, par pitié!», imploraient ses yeux. Je suis sûre et certaine qu'elle ne se souciait pas de mes vieux os. Mais bien de son image. Cela dit, le père aussi en prend pour son grade pendant la puberté. Le sexe du parent n'est donc pas vraiment déterminant.

Mères et filles sont parfois extrêmement proches. Certaines se disent meilleures amies. Personnellement, cette désignation me met un peu mal à l'aise. Je pense que ce type de rapport risque de perturber la relation mère-fille. D'une part, mères et filles ont – espérons-le – des amies en dehors de la famille, d'autre part, quel que soit l'amour qu'on lui porte, une mère reste une mère. C'est-à-dire une personne qui vous guide. Et pas une copine avec qui on fait les quatre cents coups.

Quand mère et fille sont trop dépendantes l'une de l'autre, cela peut avoir des conséquences négatives. La mère peut rencontrer des difficultés pour laisser partir son enfant. Or, la prise d'autonomie est essentielle pour le développement de l'enfant et de l'adolescent. D'autre part, la mère peut ressentir de la jalousie devant la beauté et la jeunesse de sa fille, ou devant toutes les possibilités qui lui sont encore offertes. A contrario, certaines filles sont intimidées par le succès ou le statut de leur mère et pensent devoir rester dans leur ombre. Un conflit peut aussi éclater quand la fille prend un autre chemin que celui espéré par la mère (pour sa fille ou parfois pour elle-même). Comme vous voyez, le parcours est semé d'embûches. Une relation mère-fille étroite peut être source de problèmes. Mais aussi de bonheur. Quand la relation est saine, elle peut être magnifique.

C'est un fait: sur certains points, les mères comprennent mieux les filles que leurs pères et elles leur sont plus proches. Par exemple sur le plan des émotions, ou sur celui du corps. Nous connaissons les douleurs ou les désagréments liées aux règles et aux hormones. Nous savons comment prendre soin de notre peau, nous coiffer, nous maquiller. Nous sommes passées par là nous aussi, et nous savons ce que provoque l'adolescence dans notre corps et dans notre tête.

Mais pour être proche de ses enfants, être du même sexe ne suffit pas: il faut avant tout leur accorder de l'attention. Les prendre au sérieux, les écouter et essayer de les comprendre – sans essayer d'en faire les personnes que nous voudrions qu'ils soient. La puberté est une période de bouleversements où se posent certains jalons de la vie d'adulte. Pendant cette phase, il est d'autant plus important d'entretenir une bonne relation mère-fille en passant du temps ensemble. Pourquoi pas faire un petit week-end à deux, souper au restaurant ou aller au cinéma? L'essentiel, c'est de passer des moments privilégiés en tête-à-tête.

Ces moments de partage renforcent les liens mère-fille. Ils sont autant d'occasions d'échanger et de se confier. D'entretenir une communication ouverte, respectueuse et pleine d'empathie. Cette communication qui, au final, est l'essence même des relations humaines.